Zoom sur le droit en entreprise – Octobre 2025

Zoom sur le droit en entreprise – Octobre 2025

Actualités

Bonjour à tous,

Nous sommes ravis de vous retrouver pour ce nouveau numéro de notre newsletter consacrée à l’actualité sociale et juridique des employeurs. Ce mois-ci, la jurisprudence et les réformes confirment une tendance forte : davantage de transparence, de rigueur dans les pratiques RH et de vigilance contractuelle dans la vie des affaires.

Voici les principaux sujets abordés :

Droit social

  • Transparence salariale : une nouvelle ère de reporting et de vigilance RH dès 2026
  • Réforme des entretiens professionnels : un dispositif repensé pour les carrières longues
  • Évaluation des salariés : attention aux critères comportementaux trop subjectifs

Droit des affaires

  • Remettre un chèque ne prouve pas l’existence d’une créance
  • Rupture fautive d’un contrat : la perte d’un honoraire de résultat ne s’indemnise qu’à hauteur d’une chance perdue

Nous espérons que cette lecture vous permettra d’anticiper les évolutions légales et de sécuriser vos pratiques internes.


Bonne lecture !

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Transparence salariale : une nouvelle ère de reporting et de vigilance RH dès 2026

Le saviez-vous ? :

La directive européenne (UE) 2023/970, dite Pay Transparency Directive, impose aux entreprises de repenser entièrement leur politique de rémunération, de recrutement et de communication salariale d’ici juin 2026.

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Ce que cela signifie :

Trois obligations majeures se profilent pour les employeurs :

1. Transparence dès le recrutement

  • Indiquer la rémunération ou une fourchette de salaires dans les offres d’emploi ou avant tout entretien.
  • Interdiction de demander aux candidats leur historique de salaires.

2. Droit à l’information pour les salariés en poste

  • Chaque salarié pourra connaître son niveau individuel de rémunération ainsi que les moyennes par sexe pour les postes équivalents.
  • L’entreprise devra communiquer les critères objectifs utilisés pour fixer les salaires.

3. Obligation de reporting régulier des écarts de rémunération

  • Entreprises de 100 à 249 salariés : rapport tous les 3 ans.
  • 250 salariés et plus : publication annuelle et transmission à l’autorité nationale compétente.
  • En cas d’écart supérieur à 5 % non justifié, l’employeur devra mettre en place des mesures correctives conjointement avec les représentants du personnel.

Conseil Cassius

Commencez dès maintenant votre audit interne des rémunérations :

  • vérifiez la cohérence des grilles salariales,
  • formalisez les critères d’évolution (ancienneté, performance, niveau de responsabilité),
  • et préparez une stratégie de communication transparente envers vos équipes.

Anticiper ces obligations permettra de réduire les risques de contentieux pour discrimination salariale et d’améliorer votre marque employeur.

Source : Directive (UE) 2023/970 du 10 mai 2023 relative au renforcement de l’application du principe de l’égalité des rémunérations entre hommes et femmes par la transparence salariale et les mécanismes d’exécution.

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Réforme des entretiens professionnels : un nouvel outil de gestion des carrières dès 2026

Le saviez-vous ?

Le projet de loi de transposition des accords nationaux interprofessionnels (ANI) de 2024-2025 modifie en profondeur le dispositif de l’entretien professionnel.

Objectif : renforcer le dialogue social autour des carrières et compétences des salariés expérimentés, tout en unifiant les pratiques dans les entreprises

Les faits :

À compter du 1er octobre 2026, l’entretien professionnel — désormais appelé “entretien de parcours professionnel” — devra être organisé selon une nouvelle périodicité :

  • Dans la première année suivant l’embauche,
  • Tous les 4 ans (au lieu de 2 actuellement),
  • Avec un bilan complet tous les 8 ans (contre 6 aujourd’hui).

L’entretien devra être réalisé pendant le temps de travail par un supérieur hiérarchique ou un représentant de la direction.

Il visera à identifier les besoins d’évolution, les souhaits de mobilité et les formations utiles au maintien dans l’emploi, notamment pour les salariés seniors.

Ces modifications s’inscrivent dans le cadre du projet de loi du 15 octobre 2025, qui transpose plusieurs ANI relatifs à :

  • l’emploi des salariés expérimentés,
  • l’évolution du dialogue social,
  • et les transitions professionnelles.

Conseils Cassius :

Anticipez dès maintenant ces nouvelles obligations :

  • mettez à jour vos modèles d’entretiens professionnels et vos process RH,
  • formalisez un suivi des parcours pour les salariés de plus de 55 ans,
  • intégrez ces échanges dans votre politique GPEC et vos plans de formation.

Ces ajustements permettront de sécuriser vos pratiques en cas de contrôle et de renforcer la fidélisation de vos collaborateurs expérimentés.


Source : Projet de loi portant transposition des ANI sur l’emploi des salariés expérimentés et le dialogue social, adopté le 15 octobre 2025

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Évaluation des salariés : attention aux critères comportementaux trop subjectifs

Le saviez-vous ? :

Si l’employeur peut librement évaluer le travail de ses collaborateurs, les méthodes et critères utilisés doivent rester objectifs, transparents et liés à la performance professionnelle.

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Dans une affaire récente :

la Cour de cassation a confirmé l’illicéité d’un système d’évaluation interne reposant sur des critères comportementaux flous tels que « optimisme », « honnêteté » ou « bon sens ».

La Cour souligne que :

  • ces notions, trop vagues et à connotation morale, rejaillissent sur la sphère personnelle,
  • elles ne permettent pas d’établir un lien direct avec la compétence professionnelle,
  • elles induisent une appréciation subjective de la part du manager, contraire au principe d’objectivité de l’évaluation.

Résultat : le dispositif d’entretien annuel de l’entreprise est déclaré illicite, et son utilisation interdite.

Conseil Cassius :

Avant toute diffusion ou utilisation d’un outil d’évaluation :

  • vérifiez que les critères retenus (savoir-faire, respect des procédures, résultats mesurables) sont pertinents et mesurables,
  • bannissez les notions à portée morale ou psychologique,
  • et conservez la traçabilité des entretiens et supports d’évaluation.

Un système d’évaluation mal conçu peut être sanctionné et fragiliser la validité de sanctions disciplinaires ou de décisions RH fondées sur ses résultats.

Source : Cass. soc., 15 oct. 2025, n° 22-20.716

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Remettre un chèque ne prouve pas l’existence d’une créance

Le saviez-vous ?
La simple remise d’un chèque ne suffit pas à établir l’existence d’une dette. Lorsqu'un créancier agit non pas sur le terrain du droit cambiaire, mais sur celui du rapport contractuel (dit “fondamental”), c’est à lui de prouver la réalité de sa créance.

Les faits :

Dans cette affaire, une SCI avait remis deux chèques à un prestataire pour un montant total de 4 500 €, au titre d’un contrat de maîtrise d’œuvre. Estimant que les prestations n’avaient pas été exécutées, elle avait fait opposition au paiement. Les juges du fond avaient condamné la SCI, considérant que la remise des chèques établissait, à elle seule, l’existence de la dette.

La Cour de cassation censure cette décision : la remise d’un chèque ne prouve pas la créance sous-jacente ; le prestataire devait démontrer l’existence du contrat exécuté et des prestations dues.

La Haute juridiction rappelle ainsi la distinction entre :

  • le rapport fondamental, qui fonde la dette (ici, le contrat de prestation), et
  • le rapport cambiaire, né de l’émission du chèque.

Seule la preuve de la dette initiale permet d’obtenir paiement lorsque le chèque est contesté.

Conseils Cassius :

En cas de litige, il est essentiel de pouvoir démontrer la réalité du contrat et l’exécution effective des prestations. Le chèque n’est qu’un moyen de paiement : il ne constitue ni une reconnaissance de dette, ni une preuve de créance. Les entreprises ont donc tout intérêt à documenter leurs relations contractuelles et à conserver des éléments écrits attestant des travaux ou services fournis.

Source : Cass. com., 10 sept. 2025, n° 24-16.453

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Rupture fautive d’un contrat : la perte d’un honoraire de résultat ne s’indemnise qu’à hauteur d’une chance perdue

Le saviez-vous ?

Lorsqu’un contrat prévoyant un honoraire de résultat est résilié avant son terme, la partie privée de cette rémunération ne peut pas réclamer l’intégralité de la somme espérée. Elle ne peut obtenir qu’une indemnisation proportionnée à la chance perdue de percevoir cet honoraire.

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Ce que cela signifie :

Une société avait confié la gestion d’un sinistre à un prestataire rémunéré à hauteur de 50 % des sommes qui seraient versées par l’assureur dommages-ouvrage. La convention ayant été rompue avant son terme, le prestataire réclamait une indemnité équivalente à l’honoraire qu’il aurait perçu si la mission avait été menée à son terme.

La Cour d’appel lui avait donné raison, estimant qu’il était acquis qu’il aurait touché cette rémunération.

La Cour de cassation censure ce raisonnement : la perte d’une rémunération subordonnée à un événement futur et incertain constitue une perte de chance, non un gain manqué. L’indemnisation doit donc être calculée en fonction de la probabilité de réalisation de cette chance, et non sur la base du montant intégral de l’honoraire prévu au contrat.

Le conseil Cassius

Lorsqu’un contrat prévoit une rémunération variable ou un honoraire de résultat, la rupture anticipée n’ouvre pas droit à l’intégralité des gains potentiels, mais uniquement à une réparation mesurée selon la chance raisonnable d’obtenir ce résultat. Les entreprises ont donc intérêt à encadrer précisément les conditions de déclenchement de ces honoraires et les hypothèses de résiliation afin de limiter toute incertitude sur le montant de l’indemnisation.

Source : Cass. 3e civ., 11 sept. 2025, n° 23-21.882

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